samedi 19 décembre 2009

Demain; y-aura-t-il encore des arbres dans la zone Sub-sahélienne d'Afrique ?

Depuis des millénaires l'Acacia gommier, grâce à son système racinaire très important, fixe les sols des régions les plus arides de la bande Sahélienne d'Afrique.

C'est le meilleur et pratiquement l'unique arbuste végétal dans son genre. Sa destruction est l'une des causes principales de la désertification.

Des différentes espèces d'Acacia (senegal et seyal) bénéficient, en outre, du phénomène ( jusqu'à ce jour inexpliqué) de la gommose, c'est à dire de la production, sans consommation d'énergie, d'un exsudat aux multiples propriétés.
Cet exsudat : la gomme arabique est utilisé depuis la plus haute antiquité.

photo johanna Van Meel
Un désert qui avance, une démographie galopante.

Actuellement plus de 30 millions de Sahéliens vivent sur le même territoire que leurs ancêtres. 
Ils vivent dans les mêmes conditions identiques et consomment toujours autant de bois.
Demain, y-aura-t-il encore des arbres dans la savane Sahélienne ?

Hier, ils étaient plus de 10 millions de Sahéliens à utiliser le bois sans crainte.
Pourquoi faire une économie de bois quand tout autour du village le bois était en abondance ? 
Fallait-il songer à planter ?
Quand planter un arbre n'est pas une tradition africaine !
L'acacia gommier se présente comme l'arbre qui pourrait justement largement contribuer à "freiner" cette avancée inexorable du désert.
L’ Acacia gommier, arbre ressource du Sahel

Extrait de l’Etude socio-économique : Acacia gommier,
Arbre ressource du Sahel, réalisé par Johanna Van Meel
Chargée de Mission : Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Nigeria, Soudan.
Photos Johanna Van MEEL

Perle de rosée utilisée depuis 4000 ans, la gomme arabique

En Préambule

C’est à l’âge de huit ans que le petit maure quitte la tente des femmes pour aller se présenter devant le maître d’école coranique.
Assis sur le sable, il découvre les objets du savoir que le maître a déposé devant lui : une planchette pour écrire la loue, une plume taillée dans une tige d’herbe appelée marcouba, et de l’encre. Une encre qui dans les villages isolés est préparée avec du charbon de bois, de l’eau et de la gomme arabique.
Dès lors, il peut écrire « pour toit que le ciel et pour lit que le sable du désert » dit un poète arabe.
Depuis des millénaires, grâce à son système racinaire très important, l’espèce Acacia Senegal (gommier) fixe les sols des régions les plus arides de toute la zone Soudan-Sahélienne d’Afrique.
Il est pratiquement l’unique arbuste végétal dans son genre et sa destruction serait l’une des causes principales de la désertification.

photo Johanna Monique Van Meel


Les différentes espèces d’Acacia bénéficient d’un phénomène – jusqu’à ce jour inexpliqué - la gommose - c’est-à-dire – la production sans consommation d’énergie d’un exudat aux multiples propriétés dénommées : la gomme arabique. Cette magnifique perle de rosée est utilisée par les populations depuis 4000 ans.

pénurie de bois pour : 30 Millions de Sahéliens

30 Millions de Sahéliens

Sachant qu’actuellement 30 millions de Sahéliens vivent sur le même territoire que leurs ancêtres. Ils vivent dans les mêmes conditions identiques et consomment toujours autant de bois ! Malgré de vastes projets de plantation (bien souvent abandonnés au bout de deux ans) – on n’arrivera pas à combler la consommation de bois qui va doubler d’ici, dix, vingt ans ? Qui le sait ? La ville de Dakar au Sénégal consomme à elle seule plus de 200 000 tonnes de charbon de bois chaque année. D’ou vient-il ? du Mali et de Mauritanie essentiellement.

Pression démographique et désertification

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la situation va devenir très critique pour les pays Sahéliens. D’ici là, 40 millions de sahéliens souffriront de pénurie de bois. 90% de cette population dépend du bois de feu et la demande passera la barre de 950 millions de m3 par an. L’Ethiopie a perdu 90% de son couvert forestier, la Côte d’Ivoire 70%. Cette pression démographique et la demande de bois vont accélérer très sérieusement le processus de désertification.

Pour 1 arbre planté : 30 ha de forêt disparaissent chaque année.

Pour 1 arbre planté : 30 ha de forêt disparaissent chaque année. Selon les estimations de nos experts
en agroforesterie ; 933 milles hectares de forêts disparaissent chaque année pour 44 milles hectares de reboisement.

Des arbres en zone Sahélienne : et demain ?

Une démographie galopante. Un désert qui avance à grande vitesse. Y aura t il encore des arbres debout dans les savanes du Sahel en l’an 2020 ? En fait, personne ne le sait. Par contre, si rien ne change, on verra le dernier arbre tomber et après ?
Hier encore, ils étaient plus de 15 millions de sahéliens. Ils utilisaient le bois sans crainte aucune. Ce bois leur permettait de cuire leurs aliments, le riz et le mil. Pourquoi faire des économies de bois quand tout autour du village le bois est en abondance ? Fallait-il songer à planter, quand planter un arbre n’est pas forcément une tradition africaine ?

La pénurie du bois

D’une manière ou d’une autre, la pénurie du bois sera l’une des crises les plus graves dans les années à venir et, dont les implications dépassent largement l’approvisionnement en combustible. Depuis plus de trente ans, les institutions internationales ont pris conscience de la déforestation galopante qui affecte toute la bande sahélienne d’Afrique.
Les nomades parcourent toujours plus loin la savane en quête de bois.


Un équilibre entre l’homme et l’arbre

Les équilibres qui s’étaient maintenus pendant des siècles entre l’homme et l’arbre, vont-ils se rompre ? Nous ne la souhaitons pas. Mais nous savons que les problèmes d’énergie, pour toutes les populations du Sahel, se mesurent au temps qu’il leur faut chaque jour pour ramasser le bois nécessaire à la cuisson des aliments.
Pour ne pas assister à la rupture d’un nombre certain d’équilibre qui aurait inévitablement de graves répercussions, sur les hommes, les animaux, les sols, la faune et la flore ; reste l’objet de cette étude, une véritable possibilité de lutter contre la désertification. L’acacia gommier reste l’arbre première ressource du Sahel.

Des programmes de reboisement

Depuis plusieurs années, diverses associations, notamment Aidgum (Association Internationale pour le Développement de Natural Gum) - AIDGUM représente 14 pays produisant l’Acacia gommier : Mali, Niger, Nigeria, Mali, Mauritanie, Sénégal, Soudan, Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Éthiopie, Érythrée, Ghana, Kenya et Tanzanie – CNI Rouen France est le principal sponsort de AIDGUM
et l’U.E. s’inquiètent et multiplient les programmes de reboisements et de sensibilisation des populations au grave problème de désertification. Elles ont en outre le souci de mieux faire connaître arbres et essences de la bande Sahélienne. La reprise d’un potentiel existant, comme l’acacia gommier peut largement contribuer à freiner justement cette avancée inexorable du désert.

Lutter contre le phénomène de désertification

Lutter contre la désertification

Les chiffres : plus d’un million de km2 de terres propres à l’agriculture ou au pâturage intensifs ont été recouverts par le désert depuis les cinquante dernières années. Une progression qui va – selon les experts de l’U.E. d’Est en Ouest de la bande Sahélienne d’Afrique – à raison de 1 million d’hectares par an de terres abandonnées au désert.
Un tel déplacement progressif des zones de végétation vers le Sud, accompagné d’une destruction des arbres, on assiste à l’avancée inéluctable du phénomène de désertification

Cette sécheresse fait culminer la souffrance des hommes, elle décuple la destruction du couvert végétal, l’érosion éolienne et la formation de régions incultes à la production. Dès que les pluies viennent à manquer, les animaux – en surnombre – broutent les derniers brins d’herbe des prairies ravagées. Les chèvres commencent à grimper aux arbres pour attraper les dernières feuilles, laissant derrière elles des arbres morts pour les ramasseurs de bois de chauffage. Les graines ne peuvent plus pousser dans la terre brûlée. Le sol nu est balayé par les vents de sable. Il ne reste plus rien ! Seules les dunes apparaissent là où le sable, hier encore, n’était jamais venu. Impuissant, l’on assiste à une nouvelle étendue désertique.

Les nomades et leurs troupeaux se retirent au-delà des terres dévastées, créant un cycle de destructions successives par le surpeuplement et la surexploitation de nouvelles terres. S’ajoutent d’autres facteurs : les feux de brousse ; l’abattage des arbres utilisé comme bois de chauffe ; le défrichement de plus en plus étendu à mesure que le sol devient aride ; vient ensuite l’invasion des criquets qui entraîne la disparition des cultures vivrières et donc, l’appauvrissement des sols.
Des faits, une réalité, qui illustrent bien que la désertification envahie très sérieusement la bande sub-Sahélienne d’Afrique.

Face à cette situation, il faut se garder d’une approche simpliste qui consisterait à planter des arbres sans qu’ait été effectuée une analyse minutieuse des caractéristiques des milieux et de leur dynamique - la prise en compte des besoins fondamentaux de ses populations de participer aux programmes de développement. Car c’est bien aux villageois de conduire le changement, et non de le subir, sachant qu’ils sont désormais motivés pour planter des arbres.

La bande Acacia gommier : un ruban de 5000 km

Un ruban de 5000 km

La bande Acacia gommier s’étend sur toute la zone Sahélienne soit : plus de 5000 Km de long sur 300 à 400 Km d’Est en Ouest traversant le Soudan, le Tchad, le Nigéria, le Niger, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie.

Les régions à gomme :
SOUDAN : Kordfan, Darfour, Kassala, Nil bleu et Haut Nil ;
TCHAD : Batha, Beltine, Ouaddaï et Kanen ;
NIGERIA : Province de Bornou, district de Maiduguri, Magumeri et Gubio, district de Nguru, Gashua, Geidam et Hodegia ;
NIGER : département de Diffa, Zinder, Maradi et Tahoua ;
MALI : région de Kayes à Aourou, cercle de Nioro du Sahel à Nema, boucle du Niger ;
SENEGAL : région du Ferlo, Linguère, Louga, Dara et Koki,
La gomme est commercialisée sous le nom de « gomme du Ferlo » ;
Département du Fleuve : Podor, Dagana,Rosso du Sénégal, la gomme est dite » bas du fleuve » du fait des régions proches du Tarza en Mauritanie ;
Département de Bakel : une petite production dite « haut du fleuve », elle est très souvent mélangée à la gomme Seyal appelée « salabreida » ;
MAURITANIE : Tarza d’où vient la gomme dite « bas du fleuve », principaux marchés : Mederdra et Boghé,
Le Gorgol : gomme dite « haut du fleuve », Kadei, M’Bout, Selibany et Kiffa ;
Le Hodh à l’est Mauritanien : Aïoun, Timbedra et Nema dont la gomme, dit-on, surpasse en qualité celle du Kordofan ;
La récolte du Nord du Nigeria passe parfois par le Tchad où le Soudan.
On le voit, les Acacias gummifères sont des éléments naturels du paysage de toute la bande sahélienne d’Afrique.

Depuis l’Antiquité, l’acacia gommier pousse en bordure du Sahara. Il se présente comme le seul ligneux capable de fixer les sols grâce à son système racinaire très important. Arbre robuste, il pousse là où la sécheresse dure de 9 à 11 mois, et peut supporter une température de 0° à 49° à l’ombre et une pluviométrie de 150 à 450 mm/an.
Excellente légumineuse, l’acacia gommier fait des réserves d’eau et fixe l’azote de l’atmosphère dans les sols. L’Acacia gommier contribue à la régénération du couvert végétal.

Dans cette perspective, les gommiers tiennent une place essentielle et en particulier Acacia senegal et acacia seyal,
Adaptés aux conditions climatiques de la bande sahélienne, l’exudation de la gomme arabique, source autrefois traditionnelle, et désormais potentielle, de richesses pour les populations de ces régions.

Le marché mondial de la gomme arabique

Depuis ces vingt dernières années, le Soudan commercialise plus de 80% de la production de la gomme arabique. De bons résultats obtenus grâce à la politique de gestion de ce pays, bien souvent freiné du fait des problèmes internes qu’il traverse. La gomme arabique représente le 2e produit agricole d’exploitation et concerne près de 5 millions de fermiers.
La production reste assez fluctuante : 70 000 tonnes en 1969 ; 40 000 tonnes en 1980 ; pour se maintenir aujourd’hui à environ 40 à 45 000 tonnes par an. Laissant une large place au marché des substituts qui a gagné facilement plus de 47%
du marché mondial.
Un marché qui pourrait être repris grâce à la reprise des peuplements naturels ; des plantations ayant été plantées il y a une dizaine d’année et surtout, la mise en route de programmes de plantations d’Acacia gommier.
En développant les forêts d’Acacias gommiers, la gomme arabique deviendrait une production très économique et serait appelée, de ce fait, à une demande sans cesse accrue.
Les pays utilisateurs de gomme arabique sont : l’U.E. les Etats Unis, le Mexique, le Japon, la Russie, l’Inde et la Chine

Les utilisations de la gomme arabique

Utilisation de la gomme arabique

Le genre Acacia offre une vaste gamme d’hydrocolloïdes naturels à usages industriels. La gomme arabique est récoltée et commercialisée depuis 4000 ans. Son utilisation était déjà très recherchée dans l’ancienne Egypte.

Elle est toujours très utilisée par les populations du Sahel.

repro Johanna Van Meel
Aujourd’hui, cette gomme arabique joue un rôle important : en confiserie, comme additif dans les industries alimentaires et comme excipient dans les industries pharmaceutiques et cosmétologiques.
Inodore, sans saveur, acalorique, atoxique et non polluant, ce produit est un carbohydrate naturel unique par l’ensemble de ses propriétés physico-chimiques.


La gomme n’est pas modifiée chimiquement ; seuls les traitements de broyage, de tamisage, d’hydratation suivie de déshydratation sont nécessaires pour sa commercialisation.

La gomme arabique a de multiples usages :

Agro-alimentaire : confiseries : pastilles, chewing-gum, caramels, liqueurs, fruits glacés, etc. représente 40% du marché mondial de la gomme.

Boissons aromatiques : sodas, jus, arômes, boissons instantanées en poudre. Cet usage représente 36% du marché de la gomme.
La gomme est également utilisée pour maintenir la mousse de la bière et éliminer les dépôts au fond des bouteilles de vin. Dans le cadre de la fabrication du vin, elle est appréciée pour ses propriétés de capteur d’arôme, acalorique, sans saveur.

Industrie pharmaceutique : dragéïfication des comprimés, confection de gélules, de médicaments diabétiques et hypocaloriques (diététique), pâtes pectorales, maladies du rein. Ce secteur représente environ 8% du marché de la gomme.

Autres usages : imprimerie, peinture à l’eau, teinture, textile, moulage de pièces céramiques, colle, adhésif timbres postaux, etc.
De même: Les minerais, agent de flottation, l’industrie de pointe, robotique et micro-informatique utilise des produits à base de gomme arabique pour la fabrication de pièces de précision.
La gomme serait utilisée pour la fabrication de produits diététiques (amaigrissants). En effet, son faible apport calorique combiné avec la capacité de satisfaire l’appétit des consommateurs, de favoriser le transit intestinal, qui peut contribuer à réduire la perte de poids très recherchée en Occident chez les sujets obèses.

Les produits de substitution à la gomme arabique sont les produits chimiques tels que les celluloses modifiées, les amidons modifiés, la gomme biosynthétisée.

Caractéristiques de l'arbre Acacia senegal

Caractéristiques de l'arbre Acacia senegal

La gomme arabique provient essentiellement de l’Acacia senegal (verek). Cette espèce fournit un exsudat clair-ambré, dur, très renommé en particulier dans les régions du Ferlo au Sénégal et du Kordofan au Soudan. Acacia senegal est incontestablement le meilleur gommier avec 80% de la production mondiale.
Dans les zones de productions, d’autres espèces jouent un rôle très appréciable tels : Acacia leata ; Acacia seyal ; Acacia sieberana ; Acacia tortilis ; Acacia Mellifera et Acacia nilotica. Leurs exsudats bien que de qualité moindre, trouvent leur emploi chaque fois qu’un produit de première qualité n’est pas nécessaire. Ils sont souvent mélangés à des gommes appartenant à d’autres genres botaniques (Combretum,Sterculia).
Acacia senegal est l ‘arbuste des zones sahéliennes. Sa racine primaire très développée est pivotante ; des racines secondaires horizontales sont longues et permettent à l’arbre de puiser l’eau profondément jusqu’à la nappe phréatique. D’autres racines en surface permettent de fixer les dunes.
Les sols de prédilection sont sableux, bien aérés avec une pluviométrie moyenne de 100 à 600 mm selon les régions. Présent dans les savanes et steppes sub-désertique et désertique, acacia senegal supporte des années déficitaires en eau avec – 60 à 80 mm/an.

L’Exploitation

L’exploitation des gommiers se fait généralement par saignée ou « tapping » au Tchad, Sénégal, Nigéria et Soudan. La gomme qui exsude naturellement – sous l’effet du soleil, l’écorce de l’arbre s’ouvre pour laisser s’écouler la gomme sauvage dite « wady » ; c’est le cas au Mali, Niger, et Mauritanie où la production gommière provient essentiellement d’une cueillette sauvage réalisée par les populations nomades.
La saignée se fait en début de saison sèche. Elle varie d’un endroit à l’autre en fonction souvent des données écologiques caractéristiques de chaque région.
L’exsudation de la gomme commence quelques jours après la saignée, voire parfois au bout de quelques heures. Il faudra tout de même attendre quatre à six semaines pour effectuer la première cueillette. Les suivantes se font généralement tous les dix à quinze jours.
L’on peut réaliser de trois à six récoltes par an avec une moyenne de 100 à 300 g – voire parfois plus - de gomme arabique par arbre et par an… C’est dire le temps que passent les nomades pour récolter de 50 kg !

Le phénomène de gommose

photo Johanna Van Meel
IL a lieu sans consommation d’énergie, sans pollution, sans résidu chimique ou phytosanitaire et sans appauvrissement du sol. La gomme arabique est inodore, insipide et happe à la langue. La poudre est blanche ou blanc jaunâtre. Elle est soluble deux fois son poids d’eau et ne laisse qu’un résidu de particules végétales. Le liquide obtenu (mucilage) est incolore, dense, visqueux, adhésif, translucide, faiblement acide au papier tournesol R. La gomme arabique est pratiquement insoluble dans l’alcool et l’éther.
Examinée au microscope, la poudre de gomme arabique présente des fragments anguleux, irréguliers, incolores et brillants. Seules les traces d’amidon ou de tissus végétaux sont visibles. Absence de membrane stratifiée.
La recherche sur l’arbre du phénomène gommose représente les clefs de l’amélioration de la production et des retombées socio-économiques qui pourraient en résulter pour les populations sahélienne.

Fourrage pour le bétail

Fourrage pour le bétail

Grâce à l’abondance de leur feuillage et de leurs fruits, les espèces d’Acacia fournissent un appoint alimentaire très important. Le bois est un excellent combustible et l’écorce sert pour les tanins (toujours très recherché malgré la concurrence des tanins minéraux).

Intérêts écologiques des Acacias

Le système racinaire de l’Acacia gommier consiste essentiellement en un »système mixte » : un pivot central pouvant descendre jusqu’à la nappe phréatique et, un système latéral assez superficiel pouvant retenir et éviter la désagrégation du sol.
Les arbustes et arbres parvenus à maturité vont contribuer de façon importante à freiner l’érosion éoliènne (vents de sable). Pendant la courte saison des pluies, ils contribuent également à diminuer le phénomène de ruissellement.
Les Acacias retiennent l’eau disponible. Fixateur d’azote, les feuilles et les rameaux arbres reconstituent le tapis graminéen. Le sol s’enrichit de sels minéraux, de protéines et de débris cellulosiques. D’autre part, par association symbiotique entre la bactérie et l’arbre, il y a fixation d’azote atmosphérique dans le nodule racinaire. Enfin, lorsque les nodules (nodosités) sont détruits, l’azote revient au sol.
Les aires couvertes par l’Acacia gommier voient une végétation renaître et se développer (graminées diverses). Le cycle de l’eau re-stabilise la pluviométrie.
Les paysans des zones pré-désertiques savent que les rendements de leurs récoltes de mil, sorgho, sésame et arachide, sont nettement améliorés lorsqu’ils les plantent entre les rangées de gommiers.

Stabilisation et amélioration des sols

En créant un tapis végétal, les Acacias gommiers participent à l’élaboration du cycle gazeux tout en stabilisant la pluviométrie tout en recréant un pâturage aérien de qualité pour les animaux. La présence des arbres conditionne en grande partie la vie des animaux dans les régions sahéliennes. Sur le plan écologique, un tel potentiel désigne l’Acacia gommier comme le meilleur agent de lutte contre la désertification.

Rétablir un équilibre : homme / forêt

Rétablir un équilibre

Toutes les entreprises de régénération des gommiers se situent dans l’amélioration gommière et les impératifs écologiques ne doivent pas être négligés. Les exigences spécifiques de chaque espèce d’Acacia gommier seront donc étudiées. Acacia senegal étant l’une des espèces sur laquelle porte les plus gros efforts de régénération et de meilleur rendement en gomme arabique. L’on se doit de concevoir des techniques faciles aux traditions agricoles locales, afin que tout projet gommier débouche sur un succès.

Trois types d’aménagements gommiers

Aménagement sylvo-agricole : à l’exemple du Soudan, nous avons pu retenir leur système de « jardins gommiers » constitue un modèle de plantation avec une production de gomme de grande qualité.

Aménagement sylvo-pastoral : a pour objectif de conjuguer et de promouvoir une augmentation globale de la production de fourrage aérien, de bois, de gomme arabique. Il permet de lutter contre la désertification tout en exploitant les capacités des Acacias, à fixer et à restaurer les sols.

Plantations expérimentales et industrielles : le Soudan dispose d’une nette avance sur les autres pays du Sahel. Les premières plantations datent de 1913. L’intensification de ce type de programme 1960, dote aujourd’hui le Soudan de plus de 150 000 hectares de plantations Acacia senegal, dont une grande partie est productrice de gomme arabique.

Plantations expérimentales et industrielles

Plantations expérimentales et industrielles : le Soudan dispose d’une nette avance sur les autres pays du Sahel. Les premières plantations datent de 1913. L’intensification de ce type de programme 1960, dote aujourd’hui le Soudan de plus de 150 000 hectares de plantations Acacia senegal, dont une grande partie est productrice de gomme arabique.

Les intérêts socio-économiques : 

photo Johanna Van Meel
sont la création d’emplois en milieu rural - travaux de plantation, et leur entretien récolte de gomme - une source de revenus non négligeable pour les populations qui, associées à d’autres cultures
(mil,sorgho,sésame, arachide,maïs) représente un plus – En autre, le programme prévoit l’information et la formation des villageois aux connaissances des Acacias ; à la récolte et à la commercialisation de la gomme arabique.

En un mot, maintenir le sylvo-pastoralisme en zone sahélienne.
Des travaux importants doivent être pris en compte comme la création de pare-feux, de forages de puits, la protection des jeunes plantations par des clôtures naturelles ( exemple du Pourghère et du Balanites), et l’aménagement des zones de passage au pâturage des troupeaux.

photo Johanna Van Meel
Il est toutefois difficile de déclarer que nous allons « sauver » le Sahel, mais il est possible de freiner l’avancée inexorable de la désertification grâce à des programmes de formation sur le terrain. Il est tout à fait possible de reprendre le potentiel existant d’Acacias gommiers qui, à terme, permettrait de fixer les populations nomadisantes afin d’éviter l’exode massif qui chaque année s’estime par millier aux portes des grandes capitales d’Afrique.

Depuis 4000 ans, elle gomme bien des maux…

Depuis 4000 ans, elle gomme bien des maux…

photo Johanna Van Meel
Depuis 4000 ans l’homme utilise la gomme arabique.

Les Acacias gommiers poussaient dans une contrée qui fut très peuplé au néolithique. Si l’on en juge par l’abondance d’outillages en pierre polie, la gomme servait alors de nourriture aux habitants de l’âge de pierre.



Les Egyptiens, 2000 av.J.C. faisaient venir la gomme d’Arabie. Elle servait à recouvrir les fresques murales peintes, à coller les boiseries et à fixer les bandelettes des momies.
En effet, sous le règne de Ramsès III, la gomme arabique était utilisée comme adhésif des feuilles de papyrus ; fixateur de l'encre et des couleurs sur les murs et le papyrus. Elle servait notamment pour enrober les bandages des momies. En pharmacopée, la gomme arabique était reconnue pour apaiser la toux, les muqueuses enflammées ou irritées, les diarrhées et la dysenterie. Sur les fresques égyptiennes, la gomme arabique était connue sous le nom de « gomme de Canaan ». Elle était exportée depuis le Golfe d’Aden 1700 ans av-J. C. sous le nom d ‘ »égyptien gum ». Dioscoride et Pline l’ancien en parlent dans leurs ouvrages botaniques.
La gomme arabique était utilisée dans le domaine des arts – la célèbre Ecole de Salerne, en médecine interne et le commerce. Au Moyen Age, on retrouve la gomme arabique à l’étal des bazars de Constantinople… Pour arriver sur les marchés de Venise et gagner toute l’Europe.
En Inde, autour de Mumbaï (Bombay), il existe un commerce de gomme d’origine indienne plus connue sous le nom de gomme « gatthi ».

Elle sert de nourriture lors de traversée du désert

Dans les temps anciens ; aujourd’hui encore, la gomme arabique sert de coupe faim aux nomades des zones sahélienne. En mâchouillant la gomme, ils trouvent le moyen de survivre durant les longues traversées du Sahara, avec quelques dattes et du lait de chèvre ou de chamelle, ils peuvent se passer de vivre et d’eau dans une région où la sécheresse ne leur permet pas de trouver une seule goutte d’eau.

Des bateaux en bois d’Acacia depuis les Pharaons !
Le bois d’acacia était réputé pour sa solidité et son imperméabilité ; les architectes des Pharaons faisaient
Construire des bateaux en bois d’Acacia pour la descente du Nil.

Soigner les maladies

Dans ma médecine traditionnelle, les décoctions d’écorces d’Acacia sont utilisées pour soigner les affections gastriques et scorbutiques. Les hommes mâchent les feuilles et mangent les gousses. La gomme est recherchée pour soigner les maladies des yeux, des infections vénériennes, les plaies du foie, les douleurs dentaires et les soins de la bouche. Les femmes utilisent la gomme en cosmétique et pour les œuvres d’art artisanale.

L’Etymologie de la gomme d’Arabie nous vient de Belon

L’Etymologie de la gomme d’Arabie nous vient de Belon,

réalisée par Johanna Van Meel
le plus ancien et en même temps le plus savant des voyageurs modernes qui est été en Egypte. De retour de voyage en 1553, il nous apprend que « les déserts d’Arabie », sur les bords de la mer Rouge, ne produisent pas d’autres arbres que ceux de l’Acacia, qui y sont très abondants – les arabes ne s’occupent que du ramassage de la gomme » ; d’où l’étymologie : la gomme d’Arabie pour devenir plus tard, la gomme arabique ».
Aujourd’hui, les populations locales utilisent d’importantes quantités de gommes en médecine traditionnelle et même pour soigner les animaux. La gomme arabique sert à confectionner les plats traditionnels. Les Maures mangent la gomme grillée avec du sucre et du beurre ou mélangée avec du lait caillé et de l’eau salée. Malaxée avec des feuilles d’Atil, elle peut guérir la jaunisse. Les chèvres et les chameaux raffolent des épines et des gousses du gommier.
Le lait de chamelle mis a chauffé sur un feu d’épines de gommier a un goût exquis !

Discoride, Pline, Adanson…

Au plus loin que l’on remonte dans l’histoire, nous apprenons que les Grecs avec Hyppocrate, Théophraste, Dioscoride et plus tard, Pline l’ancien ; tous ont su définir avec précision le nom « Acacia de l’arbre qui porte la gomme d’Arabie ».
Alors que vient d’apparaître sur les marchés de Mauritanie un produit nouveau, un produit anodin en apparence, mais qui va réléguer au second plan les commerces florissants de l’or et des esclaves et susciter pendant deux siècles d’âpres batailles pour la gomme arabique !

Pourquoi cette passion subite des européens pour la gomme s’étonneront les Maures ? Les blancs veulent-t-ils se nourrir de gomme ? Nous sommes en l’an 1420 !

Hollandais, Anglais et Français vont s’affronter pour gagner le marché de la gomme arabique

Hollandais, Anglais et Français vont s’affronter
pour gagner le marché de la gomme arabique


En 1638, les Hollandais découvrent la gomme arabique et s’emparent du port d’Arguin en Mauritanie. Ils s’empressent de reconstruire la ville sur les ruines de l’ancienne citadelle portugaise, creusent des puits et bientôt, à leur seul profit, tout le commerce de la gomme se concentre à Arguin.
Cette réussite va faire des envieux ; les Anglais arrivent et délogent sans ménagement les Hollandais en 1665.
Treize années plus tard, la Compagnie Française du Sénégal entre en jeu, conquiert le port si convoité, et après avoir rasé les fortifications, s’installe à leur tour.
Une lutte sans merci s’engage pour reprendre le marché de la gomme par les Hollandais qui, à nouveau, s’installent au port d’Arguin. Un port qui sera repris cette fois par la Compagnie Française des Indes, pour finir par l’abandonner aux Français.
Cette forteresse de la gomme a été plusieurs fois détruite au canon pour être reconstruite avec toujours autant d’acharnement ; pour passer de domination en domination.
Ainsi en fut-il également pour Portendick (Mauritanie)
Les Hollandais en avaient fait une escale prospère. Grandeur et décadence : le port d’Arguin fut anéanti en 1727 et Portendick n’existait plus en 1909. La ruine de ces deux villes avait été entraînée par le succès des célèbres « Escales du Fleuve ».
L’Escale du Désert à Trarza ; l’Escale du Coq à la pointe de l’ïle de Podor et celle enfin du Terrier Rouge, où se concentrait tout le commerce de la province de Brakna. Toutes avaient été fondées, après que le Capitaine dieppois Thomas Lambert eut bâti en 1638 une simple habitation à l’embouchure du Sénégal. Cette petite habitation allait donner naissance à la ville de Saint-Louis du Sénégal.
Le sort de ces escales fut étroitement lié à celui des « Grandes Compagnies » de commerce et de colonisation que Richelieu envoyait commercer en Europe du Nord, aux Amériques, les Indes et en Afrique.
En 1626, La Compagnie d’Afrique regroupait des marchands de Dieppe et de Rouen, qui allaient exploiter les marchés du Cap Vert, du Sénégal et de la Gambie. L’arrivée de Colbert, plus soucieux de réussite commerciale que d’exportation, allait donner un nouvel essor à toutes ses escales.

1748 Voyage Adanson au Sénégal

1748 Voyage de ADANSON au Sénégal

« Le commerce de la gomme est bien plus avantageux que le commerce de l’or. La forêt du Sahel est la plus précieuse pour la qualité de la gomme qu’elle produit ». Extrait de Michel Adanson, voyage au Sénégal en 1748

Les premiers renseignements valables sur les arbres producteurs de gomme arabique furent ceux de Michel Adanson, publiés en 1777.
Dans son premier mémoire sur « L’Acacia des Anciens », Michel Adanson, de l’Académie Royale des Sciences à Paris, reprend les travaux de Belon (1553) sur la variété acacia.
Deux siècles s’écoulent avant que l’on ne parle à nouveau de l’Acacia à gomme. En effet, bien des herboristes tentèrent à plusieurs reprises de faire le « grand voyage jusqu’au pays à gomme » - c’est-à-dire à Saint-Louis du Sénégal. Hélas, les difficultés du voyage ; la traversée du désert sur le sable brûlant ; le manque de nourriture et d’eau ; le danger d’être capturé et tué par les brigands en rebutaient plus d’un. De sorte que l’arbre à gomme reste dans l’oubli jusqu’en 1748.
C’est à cette période que Michel Adanson, sans penser aux risques, qu’il entreprend le voyage pour visiter les forêts de gommiers. De raconter à son arrivée à l’Ile du Sénégal « … un des premiers arbres que je rencontrai fut un gommier, portant le long de ses branches et de son tronc plusieurs boules de gomme, d’un blanc légèrement rosé, transparente ; je la goûtais, et sa douceur, sans fadeur, jointe à la couleur et à la forme, m’assura qu’elle ne différait aucunement de la gomme du commerce ».
« En mâchant les feuilles du gommier, on sent une légère amertume. Lorsque la terre a été humectée abondamment par les pluies qui tombent de juin à septembre. Commence à couler du tissu et des branches de l’arbre un suc gommeux qui reste attaché sous la forme de larmes vermiculés ou tortillées, ovoïdes ou sphéroïdes, ridées à leur surface d’un blanc terne, transparentes, cristallines et luisantes dans leur cassure, d’une saveur douce, accompagnée d’une légère acidité qui se laisse reconnaître par les personnes qui en font un usage habituel. Ces larmes coulent naturellement sans le secours d’une incision durant la saison sèche qui dure
d’octobre à juin ».
Il semblerait, toujours d’après les notes d’Adanson, que la récolte de gomme s’annonce abondante les premiers mois qui suivent les dernières pluies ; quelquefois, la grande sécheresse et le vent d’Est peuvent faire tomber la gomme, mais le plus grand nombre reste attaché à l’écorce de l’arbre, d’où elles sont sorties. « Les premières gousses commencent à pousser dès le mois de novembre ».