samedi 19 décembre 2009

Demain; y-aura-t-il encore des arbres dans la zone Sub-sahélienne d'Afrique ?

Depuis des millénaires l'Acacia gommier, grâce à son système racinaire très important, fixe les sols des régions les plus arides de la bande Sahélienne d'Afrique.

C'est le meilleur et pratiquement l'unique arbuste végétal dans son genre. Sa destruction est l'une des causes principales de la désertification.

Des différentes espèces d'Acacia (senegal et seyal) bénéficient, en outre, du phénomène ( jusqu'à ce jour inexpliqué) de la gommose, c'est à dire de la production, sans consommation d'énergie, d'un exsudat aux multiples propriétés.
Cet exsudat : la gomme arabique est utilisé depuis la plus haute antiquité.

photo johanna Van Meel
Un désert qui avance, une démographie galopante.

Actuellement plus de 30 millions de Sahéliens vivent sur le même territoire que leurs ancêtres. 
Ils vivent dans les mêmes conditions identiques et consomment toujours autant de bois.
Demain, y-aura-t-il encore des arbres dans la savane Sahélienne ?

Hier, ils étaient plus de 10 millions de Sahéliens à utiliser le bois sans crainte.
Pourquoi faire une économie de bois quand tout autour du village le bois était en abondance ? 
Fallait-il songer à planter ?
Quand planter un arbre n'est pas une tradition africaine !
L'acacia gommier se présente comme l'arbre qui pourrait justement largement contribuer à "freiner" cette avancée inexorable du désert.
L’ Acacia gommier, arbre ressource du Sahel

Extrait de l’Etude socio-économique : Acacia gommier,
Arbre ressource du Sahel, réalisé par Johanna Van Meel
Chargée de Mission : Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Nigeria, Soudan.
Photos Johanna Van MEEL

Perle de rosée utilisée depuis 4000 ans, la gomme arabique

En Préambule

C’est à l’âge de huit ans que le petit maure quitte la tente des femmes pour aller se présenter devant le maître d’école coranique.
Assis sur le sable, il découvre les objets du savoir que le maître a déposé devant lui : une planchette pour écrire la loue, une plume taillée dans une tige d’herbe appelée marcouba, et de l’encre. Une encre qui dans les villages isolés est préparée avec du charbon de bois, de l’eau et de la gomme arabique.
Dès lors, il peut écrire « pour toit que le ciel et pour lit que le sable du désert » dit un poète arabe.
Depuis des millénaires, grâce à son système racinaire très important, l’espèce Acacia Senegal (gommier) fixe les sols des régions les plus arides de toute la zone Soudan-Sahélienne d’Afrique.
Il est pratiquement l’unique arbuste végétal dans son genre et sa destruction serait l’une des causes principales de la désertification.

photo Johanna Monique Van Meel


Les différentes espèces d’Acacia bénéficient d’un phénomène – jusqu’à ce jour inexpliqué - la gommose - c’est-à-dire – la production sans consommation d’énergie d’un exudat aux multiples propriétés dénommées : la gomme arabique. Cette magnifique perle de rosée est utilisée par les populations depuis 4000 ans.

pénurie de bois pour : 30 Millions de Sahéliens

30 Millions de Sahéliens

Sachant qu’actuellement 30 millions de Sahéliens vivent sur le même territoire que leurs ancêtres. Ils vivent dans les mêmes conditions identiques et consomment toujours autant de bois ! Malgré de vastes projets de plantation (bien souvent abandonnés au bout de deux ans) – on n’arrivera pas à combler la consommation de bois qui va doubler d’ici, dix, vingt ans ? Qui le sait ? La ville de Dakar au Sénégal consomme à elle seule plus de 200 000 tonnes de charbon de bois chaque année. D’ou vient-il ? du Mali et de Mauritanie essentiellement.

Pression démographique et désertification

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la situation va devenir très critique pour les pays Sahéliens. D’ici là, 40 millions de sahéliens souffriront de pénurie de bois. 90% de cette population dépend du bois de feu et la demande passera la barre de 950 millions de m3 par an. L’Ethiopie a perdu 90% de son couvert forestier, la Côte d’Ivoire 70%. Cette pression démographique et la demande de bois vont accélérer très sérieusement le processus de désertification.

Pour 1 arbre planté : 30 ha de forêt disparaissent chaque année.

Pour 1 arbre planté : 30 ha de forêt disparaissent chaque année. Selon les estimations de nos experts
en agroforesterie ; 933 milles hectares de forêts disparaissent chaque année pour 44 milles hectares de reboisement.

Des arbres en zone Sahélienne : et demain ?

Une démographie galopante. Un désert qui avance à grande vitesse. Y aura t il encore des arbres debout dans les savanes du Sahel en l’an 2020 ? En fait, personne ne le sait. Par contre, si rien ne change, on verra le dernier arbre tomber et après ?
Hier encore, ils étaient plus de 15 millions de sahéliens. Ils utilisaient le bois sans crainte aucune. Ce bois leur permettait de cuire leurs aliments, le riz et le mil. Pourquoi faire des économies de bois quand tout autour du village le bois est en abondance ? Fallait-il songer à planter, quand planter un arbre n’est pas forcément une tradition africaine ?

La pénurie du bois

D’une manière ou d’une autre, la pénurie du bois sera l’une des crises les plus graves dans les années à venir et, dont les implications dépassent largement l’approvisionnement en combustible. Depuis plus de trente ans, les institutions internationales ont pris conscience de la déforestation galopante qui affecte toute la bande sahélienne d’Afrique.
Les nomades parcourent toujours plus loin la savane en quête de bois.


Un équilibre entre l’homme et l’arbre

Les équilibres qui s’étaient maintenus pendant des siècles entre l’homme et l’arbre, vont-ils se rompre ? Nous ne la souhaitons pas. Mais nous savons que les problèmes d’énergie, pour toutes les populations du Sahel, se mesurent au temps qu’il leur faut chaque jour pour ramasser le bois nécessaire à la cuisson des aliments.
Pour ne pas assister à la rupture d’un nombre certain d’équilibre qui aurait inévitablement de graves répercussions, sur les hommes, les animaux, les sols, la faune et la flore ; reste l’objet de cette étude, une véritable possibilité de lutter contre la désertification. L’acacia gommier reste l’arbre première ressource du Sahel.

Des programmes de reboisement

Depuis plusieurs années, diverses associations, notamment Aidgum (Association Internationale pour le Développement de Natural Gum) - AIDGUM représente 14 pays produisant l’Acacia gommier : Mali, Niger, Nigeria, Mali, Mauritanie, Sénégal, Soudan, Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Éthiopie, Érythrée, Ghana, Kenya et Tanzanie – CNI Rouen France est le principal sponsort de AIDGUM
et l’U.E. s’inquiètent et multiplient les programmes de reboisements et de sensibilisation des populations au grave problème de désertification. Elles ont en outre le souci de mieux faire connaître arbres et essences de la bande Sahélienne. La reprise d’un potentiel existant, comme l’acacia gommier peut largement contribuer à freiner justement cette avancée inexorable du désert.

Lutter contre le phénomène de désertification

Lutter contre la désertification

Les chiffres : plus d’un million de km2 de terres propres à l’agriculture ou au pâturage intensifs ont été recouverts par le désert depuis les cinquante dernières années. Une progression qui va – selon les experts de l’U.E. d’Est en Ouest de la bande Sahélienne d’Afrique – à raison de 1 million d’hectares par an de terres abandonnées au désert.
Un tel déplacement progressif des zones de végétation vers le Sud, accompagné d’une destruction des arbres, on assiste à l’avancée inéluctable du phénomène de désertification

Cette sécheresse fait culminer la souffrance des hommes, elle décuple la destruction du couvert végétal, l’érosion éolienne et la formation de régions incultes à la production. Dès que les pluies viennent à manquer, les animaux – en surnombre – broutent les derniers brins d’herbe des prairies ravagées. Les chèvres commencent à grimper aux arbres pour attraper les dernières feuilles, laissant derrière elles des arbres morts pour les ramasseurs de bois de chauffage. Les graines ne peuvent plus pousser dans la terre brûlée. Le sol nu est balayé par les vents de sable. Il ne reste plus rien ! Seules les dunes apparaissent là où le sable, hier encore, n’était jamais venu. Impuissant, l’on assiste à une nouvelle étendue désertique.

Les nomades et leurs troupeaux se retirent au-delà des terres dévastées, créant un cycle de destructions successives par le surpeuplement et la surexploitation de nouvelles terres. S’ajoutent d’autres facteurs : les feux de brousse ; l’abattage des arbres utilisé comme bois de chauffe ; le défrichement de plus en plus étendu à mesure que le sol devient aride ; vient ensuite l’invasion des criquets qui entraîne la disparition des cultures vivrières et donc, l’appauvrissement des sols.
Des faits, une réalité, qui illustrent bien que la désertification envahie très sérieusement la bande sub-Sahélienne d’Afrique.

Face à cette situation, il faut se garder d’une approche simpliste qui consisterait à planter des arbres sans qu’ait été effectuée une analyse minutieuse des caractéristiques des milieux et de leur dynamique - la prise en compte des besoins fondamentaux de ses populations de participer aux programmes de développement. Car c’est bien aux villageois de conduire le changement, et non de le subir, sachant qu’ils sont désormais motivés pour planter des arbres.

La bande Acacia gommier : un ruban de 5000 km

Un ruban de 5000 km

La bande Acacia gommier s’étend sur toute la zone Sahélienne soit : plus de 5000 Km de long sur 300 à 400 Km d’Est en Ouest traversant le Soudan, le Tchad, le Nigéria, le Niger, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie.

Les régions à gomme :
SOUDAN : Kordfan, Darfour, Kassala, Nil bleu et Haut Nil ;
TCHAD : Batha, Beltine, Ouaddaï et Kanen ;
NIGERIA : Province de Bornou, district de Maiduguri, Magumeri et Gubio, district de Nguru, Gashua, Geidam et Hodegia ;
NIGER : département de Diffa, Zinder, Maradi et Tahoua ;
MALI : région de Kayes à Aourou, cercle de Nioro du Sahel à Nema, boucle du Niger ;
SENEGAL : région du Ferlo, Linguère, Louga, Dara et Koki,
La gomme est commercialisée sous le nom de « gomme du Ferlo » ;
Département du Fleuve : Podor, Dagana,Rosso du Sénégal, la gomme est dite » bas du fleuve » du fait des régions proches du Tarza en Mauritanie ;
Département de Bakel : une petite production dite « haut du fleuve », elle est très souvent mélangée à la gomme Seyal appelée « salabreida » ;
MAURITANIE : Tarza d’où vient la gomme dite « bas du fleuve », principaux marchés : Mederdra et Boghé,
Le Gorgol : gomme dite « haut du fleuve », Kadei, M’Bout, Selibany et Kiffa ;
Le Hodh à l’est Mauritanien : Aïoun, Timbedra et Nema dont la gomme, dit-on, surpasse en qualité celle du Kordofan ;
La récolte du Nord du Nigeria passe parfois par le Tchad où le Soudan.
On le voit, les Acacias gummifères sont des éléments naturels du paysage de toute la bande sahélienne d’Afrique.

Depuis l’Antiquité, l’acacia gommier pousse en bordure du Sahara. Il se présente comme le seul ligneux capable de fixer les sols grâce à son système racinaire très important. Arbre robuste, il pousse là où la sécheresse dure de 9 à 11 mois, et peut supporter une température de 0° à 49° à l’ombre et une pluviométrie de 150 à 450 mm/an.
Excellente légumineuse, l’acacia gommier fait des réserves d’eau et fixe l’azote de l’atmosphère dans les sols. L’Acacia gommier contribue à la régénération du couvert végétal.

Dans cette perspective, les gommiers tiennent une place essentielle et en particulier Acacia senegal et acacia seyal,
Adaptés aux conditions climatiques de la bande sahélienne, l’exudation de la gomme arabique, source autrefois traditionnelle, et désormais potentielle, de richesses pour les populations de ces régions.

Le marché mondial de la gomme arabique

Depuis ces vingt dernières années, le Soudan commercialise plus de 80% de la production de la gomme arabique. De bons résultats obtenus grâce à la politique de gestion de ce pays, bien souvent freiné du fait des problèmes internes qu’il traverse. La gomme arabique représente le 2e produit agricole d’exploitation et concerne près de 5 millions de fermiers.
La production reste assez fluctuante : 70 000 tonnes en 1969 ; 40 000 tonnes en 1980 ; pour se maintenir aujourd’hui à environ 40 à 45 000 tonnes par an. Laissant une large place au marché des substituts qui a gagné facilement plus de 47%
du marché mondial.
Un marché qui pourrait être repris grâce à la reprise des peuplements naturels ; des plantations ayant été plantées il y a une dizaine d’année et surtout, la mise en route de programmes de plantations d’Acacia gommier.
En développant les forêts d’Acacias gommiers, la gomme arabique deviendrait une production très économique et serait appelée, de ce fait, à une demande sans cesse accrue.
Les pays utilisateurs de gomme arabique sont : l’U.E. les Etats Unis, le Mexique, le Japon, la Russie, l’Inde et la Chine

Les utilisations de la gomme arabique

Utilisation de la gomme arabique

Le genre Acacia offre une vaste gamme d’hydrocolloïdes naturels à usages industriels. La gomme arabique est récoltée et commercialisée depuis 4000 ans. Son utilisation était déjà très recherchée dans l’ancienne Egypte.

Elle est toujours très utilisée par les populations du Sahel.

repro Johanna Van Meel
Aujourd’hui, cette gomme arabique joue un rôle important : en confiserie, comme additif dans les industries alimentaires et comme excipient dans les industries pharmaceutiques et cosmétologiques.
Inodore, sans saveur, acalorique, atoxique et non polluant, ce produit est un carbohydrate naturel unique par l’ensemble de ses propriétés physico-chimiques.


La gomme n’est pas modifiée chimiquement ; seuls les traitements de broyage, de tamisage, d’hydratation suivie de déshydratation sont nécessaires pour sa commercialisation.

La gomme arabique a de multiples usages :

Agro-alimentaire : confiseries : pastilles, chewing-gum, caramels, liqueurs, fruits glacés, etc. représente 40% du marché mondial de la gomme.

Boissons aromatiques : sodas, jus, arômes, boissons instantanées en poudre. Cet usage représente 36% du marché de la gomme.
La gomme est également utilisée pour maintenir la mousse de la bière et éliminer les dépôts au fond des bouteilles de vin. Dans le cadre de la fabrication du vin, elle est appréciée pour ses propriétés de capteur d’arôme, acalorique, sans saveur.

Industrie pharmaceutique : dragéïfication des comprimés, confection de gélules, de médicaments diabétiques et hypocaloriques (diététique), pâtes pectorales, maladies du rein. Ce secteur représente environ 8% du marché de la gomme.

Autres usages : imprimerie, peinture à l’eau, teinture, textile, moulage de pièces céramiques, colle, adhésif timbres postaux, etc.
De même: Les minerais, agent de flottation, l’industrie de pointe, robotique et micro-informatique utilise des produits à base de gomme arabique pour la fabrication de pièces de précision.
La gomme serait utilisée pour la fabrication de produits diététiques (amaigrissants). En effet, son faible apport calorique combiné avec la capacité de satisfaire l’appétit des consommateurs, de favoriser le transit intestinal, qui peut contribuer à réduire la perte de poids très recherchée en Occident chez les sujets obèses.

Les produits de substitution à la gomme arabique sont les produits chimiques tels que les celluloses modifiées, les amidons modifiés, la gomme biosynthétisée.